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C’est le nombre de Franciliens inscrits sur un site de rencontres coquines. Soit quand même 5%
de la population, bébés et vieillards y compris.
Exit l’interrogation sur les goûts musicaux et les hobbies : sur les sites coquins, l’inscription est à l’image de la relation, expéditive. « Marié(e), je cherche un à-côté », « Je veux du cuir », « Pourquoi pas à trois » … On se définit par ses envies, ses pratiques, ses fantasmes. Sans détour, sans tabous. Chaque mois, 2,4 millions d’habitués uniquement motivés par le sexe* font courir leur souris sur des sites de « flirting » plus ou moins « hot ». Le plus souvent des hommes, entre 30 et 50 ans, citadins branchés ou ruraux esseulés, cadres friqués ou étudiants fauchés … Mais pas seulement. Sur les plus mauvais sites, il y a au moins quatre fois plus d’hommes que de femmes. Mais elles sont de plus en plus nombreuses à assumer leur intérêt pour la rencontre décomplexée.
Pour appâter le client et asseoir leur leadership, les sites roses mettent en avant leur nombre d’inscrits … « Vu que c’est gratuit, on s’inscrit souvent sur plusieurs sites à la fois », confie Cédric, 27 ans, accro depuis un an. Les chiffres gonflent ainsi très vite.
Cela fait d’ailleurs longtemps que les plus libérés ne se contentent pas de Meetic pour chercher un partenaire (sexuel) sur Internet. Dès le milieu des années 1990, des sites comme AdultFriendFinder.com (leader mondial du genre) et Ulla. corn (pionnier du Minitel rose) ont fait leur apparition en France. Trop connotés, trop liés au porno, ils peinent à séduire le public féminin. L’arrivée, à la fin des années 2000, des premiers sites de « casual dating » change la donne. Moins trash, plus chics et discrets dans leur approche, ils attirent l’attention des magazines féminins et s’imposent à coups de matraquage publicitaire. La rencontre sexe devient tendance, le pari gagné. « En évitant les bannières et les photos de profil porno, en créant un cadre plus sécurisant, on a réussi à attirer les femmes. Car elles ne sont pas moins intéressées que les hommes », se félicite Heinz Laumann. Le fondateur de Casualdating.com (groupe C-date, leader européen de la rencontre « passagère ») n’est pas le seul à avoir adopté cette stratégie payante.
« En créant un cadre discret et sécurisant, on a réussi à attirer les femmes »
En donnant les pleins pouvoirs aux femmes et en faisant de l’homme un produit de grande consommation, le site Adopteunmec.com a lui aussi contribué dès 2007 à décomplexer la rencontre et à conquérir les moins de 25 ans .

Adopteunmec a tout de suite plu aux moins de 25 ans. Ici, les rôles sont inversés : ce sont les filles qui font leur marché …
Les jeunes s’amusent aussi beaucoup sur les services de rencontres géo localisées. Avec Badoo ou Blendr, quand on sort, on peut vérifier à tout moment si un flirt est possible à proximité. On envoie un petit coucou à la table d’à côté, connectée au même site que vous, et si elle répond, on engage la conversation. Sinon, pas de soucis. C’est très bon enfant, nous assurent les habitués de ces sites. On est encore très loin de « l’usine à baise », décrite par Ludo, 33 ans, un coutumier du site de rencontres gay très en vogue Grindr.com (200 000 abonnés rien qu’à Paris!) et de ses plans « entre deux portes cochères ».
Rencontre adultère

Sur Ashley Madison, tromper son conjoint est bien naturel. Mais on s’arrange quand même pour rester discret dans la vraie vie.
Au royaume du frivole, la géolocalisation n’a évidemment pas le monopole du sulfureux. D’autres filons retiennent l’attention des plus polissons sur le Net. À commencer par les sites adultères. Libellés bancaires discrets, bouton d’urgence pour quitter la page … Sur Gleeden.com, tout est pensé pour que l’on puisse organiser son cinq à sept sans se faire pincer. Fondé en 2009 par les frères Truchot, le site, très critiqué à ses débuts, domine maintenant le marché européen de la rencontre extraconjugale. Un succès lié en partie à ses campagnes humoristiques ciblant la gent féminine (« Trompez votre amant avec votre mari »). « Les sites peuplés de vrais célibataires, c’est bon pour Hollywood. 30 % des inscrits sont en réalité en couple sur les sites classiques. Chez nous, au moins, il n’y a pas d’ambiguïté », assène le Français.
Preuve que le business de l’infidélité se porte bien dans l’Hexagone, deux autres sites adultères ont vu le jour en 2012 : Entre-infidèles.corn et la version française d’Ashleymadison.com, le numéro 1 mondial du secteur. Sans oublier la création de Dayuse-hotels.com, une centrale de réservation de chambres à l’heure et, en janvier dernier, l’arrivée de l’appli gratuite SOS Alibi qui fabrique des prétextes béton pour s’échapper à tout moment du foyer conjugal.
Rencontre libertin et échangiste
Beaucoup de sites ont compris qu’il fallait courir après le libertin qui sommeille en nous. Avec 300 000 visiteurs par jour et une communauté de 160 000 abonnés actifs, Netechangisme.com truste le marché du mélangisme, fétichisme, « côte-à-côtisme » (les couples se côtoient, mais ne se mêlent pas) … depuis 13 ans. Il figure dans le top 10 des sites de rencontre les plus populaires de France.
« On voit de plus en plus de jeunes qui veulent brûler la chandelle par les deux bouts »
Dans les clubs échangistes, on s’appelle volontiers par son pseudo Netéch’ et lorsqu’on se retrouve l’été pour les vacances au « Cap » (Cap d’Agde, la Mecque de l’échangisme), c’est tout juste si certains lèvent le nez de leur ordi pour faire un saut à la mer », confie Christophe Soret, porte-parole du site. La fréquentation ne cesse de monter. « On voit débarquer des moins de 25 ans qui veulent brûler la chandelle par les deux bouts », constate Christophe Soret, jusqu’à présent plutôt habitué à voir des quadras ayant déjà fondé une famille. Le prix d’entrée y est sûrement pour quelque chose. Avec un abonnement à moins de 10 euros par mois, c’est la plateforme de rencontre hot la moins chère du marché!
Autre type de rencontre
Des hommes jeunes à la recherche d’autre chose, des femmes mûres prêtes à vivre une seconde jeunesse sexuelle après un divorce … Apparus en 2009, les sites de rencontres cougars font également un tabac. « On en compte près d’une trentaine en France, note Thomas Kuhlmann du Guide-sites-rencontres.fr. On observe aussi depuis six à neuf mois une recrudescence de sites BDSM » (traduisez bandage, jeux de domination, soumission et sado-maso). Comme le marché de la rencontre est saturé, tout le monde tente sa chance dans des niches coquines de plus en plus pointues’.
Profils bidons.

Image aussi aguichante que les douces paroles qu’elle souffle sur le tchat. C’est flagrant c’est du faux !
On peut créer un site de rencontres en cinq minutes en achetant des solutions toutes prêtes. Un système qui a fait ses preuves avec les sites porno. Des sociétés comme l’entreprise française 2L Multimédia (EasyFlirt) se sont ainsi spécialisées dans le clé-en-main: le client n’a plus qu’à apposer son nom sur un site tout fait; en échange, il reverse une partie de ses recettes d’abonnements. « Un nouvel eldorado, très rémunérateur ».
Évidemment, cette extrême facilité d’accès au marché explique la prolifération des sites, mais aussi leur parasitage par des coquilles vides infestées de profils bidons. « On croit parler à Jessica, en réalité, on dialogue avec Maurice qui gère dix profils depuis Madagascar », raconte Stéphane Rose, auteur de « Misèresexuelle.com – Le livre noir des sites de rencontres. Quand il ne s’agit pas de prostituées dissimulées…